En conversation avec Bianca D'Ippolito

Nous nous asseyons avec Bianca d'Ippolito, le conservateur de "Open Fields", la première exposition par La Collection dans notre espace parisien, L'Appartement. Avec une formation en architecture et en art contemporain, Bianca apporte une nouvelle perspective à l'intersection de la mode et des beaux-arts. L'exposition présente des travaux de trois créateurs distincts - Claude de Soria, François RéaU, et La Collection lui-même - chacun transformant des matériaux quotidiens comme le ciment, le tissu et le graphite en paysages qui explorent le temps, la mémoire et la connexion humaine. Dans notre conversation, Bianca plonge dans les inspirations derrière l'exposition, le dialogue entre l'art et la mode, et comment "Open Fields" invite les téléspectateurs à voir le monde à travers de nouveaux yeux.

Quelle a été votre inspiration initiale pour organiser l'exposition "Open Fields" et comment la collaboration avec La Collection venir?

Bianca: Dès la première fois que j'ai découvert La Collection, J'ai rencontré l'équipe et j'ai visité L’Appartement, je me suis senti inspiré pour créer un nouveau projet avec eux. J'ai été étonné par leur univers et leur façon de travailler. C'était exactement ce que je cherchais et quelque chose que je voulais que mon cercle découvre. 


Bianca porte le Maudi robe

Florence porte le Clarice haut, Macha Double écharpe,

Nagi pantalon, Rosie sandales

L'exposition explore le concept de paysages. Comment ressentez-vous chaque artiste - Claude de Soria, François RéaU, et La Collection—Interprets cette idée à travers leur travail?

Bianca: L'exposition remet en question la notion traditionnelle du paysage comme une zone géographique et invite les téléspectateurs à élargir leur perspective, considérant le paysage comme un territoire émotionnel et intellectuel. Les trois artistes nous guident à travers ce voyage.

Claude de Soria a libéré le ciment de ses limites dans les années 1970 alors qu'il était principalement associé aux blocs de construction, utilisés pour modeler les sculptures. Elle était assez courageuse pour l'explorer sous une variété de formes qui évoquent le cosmique.

François Réau repousse les limites du graphite sur papier, allant au-delà du bidimensionnel pour créer un immense champ indescriptible. Son installation spécifique au site au centre d'une pièce, fabriquée à partir de branches des Bois de Vincennes, crée un paysage pour l'esprit.

La Collection Transforme le tissu en une expression vive de l'identité personnelle et culturelle. Chaque vêtement devient plus qu'un vêtement; Cela fait partie d'un récit artistique plus large qui reflète l'histoire, la tradition et l'innovation.

Ensemble, ces pratiques élargissent la compréhension du spectateur de ce que peut être un paysage physique: un champ suspendu dans le temps et l'espace, ouvrir aux idées et à l'inspiration.

"Ici à L'Appartement, Il n'y a aucune distinction entre la mode, la sculpture, l'installation ou le dessin. "

La Collection a toujours été un point de rencontre où l'histoire des vêtements, de l'art et de l'architecture se rencontrent. Comment voyez-vous la mode interagir avec l'art dans ce contexte?

Bianca: Le La Collection Les pièces n'interagissent pas seulement avec l'art - ils sont art. Ici à L'Appartement, Il n'y a pas de distinction entre la mode, la sculpture, l'installation ou le dessin. Mon choix de conservation remet en question la perception de La Collection, Le positionner comme un créateur, un artiste. Les regards présentés sont des œuvres d'art à part entière, infusées d'émotions et ouvrant de nouvelles visions et des modes de vie.

Quel rôle joue l'espace d'exposition...L'Appartement—jouer dans l'expérience globale de « Open Fields » ?

Blanche : L'Appartement est comme un vaisseau qui contient l'idée. L’expérience commence dès la première approche du visiteur : entrer par la belle porte d’entrée, traverser la cour et monter les escaliers jusqu’à l’espace d’exposition. L'intimité du lieu favorise l'interaction avec les œuvres d'art. J'ai veillé à offrir des perspectives variées et à entretenir une relation forte entre chaque œuvre et l'unité architecturale. En repartant, vous avez l'impression d'avoir vécu une véritable expérience, une promenade architecturale, comme l'aurait dit Le Corbusier...

En tant que commissaire, comment envisagez-vous la création de liens entre des artistes de différentes générations et de différents médiums, comme le montre cette exposition ?

Blanche : Dans cette exposition, vous rencontrerez différents matériaux – ciment, tissu, graphite, plantes, papier – et formes – sphères, cercles, dessins, installations, objets. Ils fondent tous. C'était fascinant de réunir un artiste né en 1926 avec un autre né en 1978, l'un anversois et l'autre parisien, l'un de la mode et l'autre de la scène des galeries. Que se passe-t-il lorsque vous les réunissez ? C’est la surprise et l’intrigue du projet et vous ne le découvrirez réellement qu’au moment de l’installation…


La citation de Marcel Proust semble centrale dans le thème de l’exposition. Comment son idée de voir le monde à travers « d’autres yeux » s’articule-t-elle avec le récit de « Open Fields » ?

Blanche : Proust capture l’idée selon laquelle la forme de découverte la plus riche ne vient pas de l’exploration extérieure mais de l’élargissement de notre perspective, en voyant le monde sous différents angles. C'est une réflexion profonde sur la création artistique, où, à travers l'art, la musique et la littérature, on accède à des univers uniques. Il illustre comment les arts peuvent nous transporter, nous permettre de vivre la vie, de voler « d'étoile en étoile » (pour reprendre ses mots). Comme c'est beau ?

Elstir est peintre et Vinteuil est compositeur dans le roman de Proust. Ils incarnent tous deux la conviction de l’auteur dans le pouvoir de l’art de modifier la perception et d’offrir de nouvelles façons de vivre la vie.

Le seul véritable voyage de découverte, la seule fontaine de la jeunesse éternelle, serait de ne pas visiter des terres étrangères mais de posséder d'autres yeux, de voir l'univers à travers les yeux d'un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d'eux voit, que chacun d'eux est ; et cela, nous pouvons le faire avec un Elstir, avec un Vinteuil ; avec des hommes comme ceux-là, nous volons vraiment d’étoile en étoile.


À la recherche du temps perdu de Marcel Proust.

Pourquoi avez-vous décidé de travailler avec Clavé Fine Art ?

Blanche : Je cherchais à constituer une équipe solide composée de personnes avec lesquelles il serait agréable de travailler, partageant les mêmes valeurs, prêtes à s'entraider et enthousiastes à l'égard du projet. Antoine Clavé, le fondateur de la galerie, incarnait toutes ces qualités. J'admire la façon dont il gère sa galerie, soutient ses artistes et fait les bons choix. Son implication a été cruciale et ce projet n’aurait pas été possible sans lui. Je recommande vivement de visiter sa galerie dans le 14ème arrondissement de Paris.


Enfin, qu’espérez-vous que les visiteurs retiendront de cette exposition, tant en termes d’œuvres d’art que du thème plus large de l’exploration et de la transformation ?

Blanche : J'aimerais que les visiteurs laissent leur téléphone derrière eux et se plongent pleinement dans l'expérience. J'aimerais qu'ils passent suffisamment de temps avec chaque pièce, laissant leurs yeux guider le voyage. Mon souhait est qu’ils incarnent l’esprit d’exploration et de curiosité, tout comme l’ont fait les artistes. Si ce lien est établi, alors j'aurai rempli mon rôle.